Allez à la rencontre des populations, présentez-leur vos idées, découvrez leurs besoins et priorités pour construire vos propositions, votre communication et planifiez votre campagne électorale.

Dans nos différents pays, la durée officielle d’une campagne électorale varie d’une semaine à un mois, en fonction du pays où les échéances électorales ont lieu. Cette information, très souvent contenue dans le code électoral, fait penser à certains, qu’une campagne électorale ne dure qu’une semaine ou un mois. Si vous faites partie de ces personnes qui pensent ainsi, alors je vous invite à vous éloigner de cette idée et à retrousser vos manches, car la campagne électorale a déjà commencé.

Rien ne vous interdit de commencer votre campagne électorale

Si le code électoral définit la période à laquelle vous devez présenter votre candidature, demander officiellement que vos concitoyens votent pour vous, ou distribuer du matériel électoral dans la rue, rien en revanche ne vous interdit de faire de la politique, parler aux citoyens/électeurs, présenter vos idées ou encore proposer des solutions aux problèmes qui existent dans votre commune, département ou pays.

Personne ne vous interdit de construire un public cible, une base électorale, faire et enregistrer les contacts des personnes à qui vous parlez.

Les « ennemis » de la campagne électorale

Il est important de savoir que vous aurez à affronter des “ennemis” tout au long de la campagne électorale. Et quand nous parlons d’“ennemis”, nous ne faisons pas allusion, nécessairement, aux autres candidats ou adversaires que vous aurez pendant les élections. Il s’agit de concepts, d’entités publiques ou privées, de personnes physiques et tout autre élément important pouvant vous aider à construire la stratégie électorale et le message de la campagne.

Pour mieux comprendre le concept d’ennemi à définir dans la phase pré-électorale et de l’importance du temps, nous vous proposons deux exemples assez illustratifs. Ce sont deux personnalités politiques qui ont marqué la dernière élection présidentielle au Brésil : Lula da Silva et Jair Bolsonaro (actuel président brésilien).

Deux exemples de stratégies à suivre 

Il existe une similitude entre ces deux personnalités, bien qu’opposées idéologiquement (comme quoi, le marketing politique et la propagande électorale transcendent les courants et les idéologies politiques). La similitude entre ces deux hommes politiques brésiliens réside dans le timing adopté pour leurs différentes campagnes électorales.

Le cas Jair Bolsonaro

Avant les élections de 2018, Jair Bolsonaro a passé 4 années à renforcer son image sur les réseaux sociaux et sur Internet en général et à ajuster sa position de candidat pour tenter de répondre aux exigences qui, pour la population, étaient très importantes. Au cours de ces 4 années, il a travaillé dur pour se faire des ennemis politiques et, par coïncidence, l’un de ces mêmes ennemis a été celui que la plupart de la population définissait comme le problème majeur de la société brésilienne : la corruption.

Il a travaillé dur pour se présenter comme celui qui lutterait contre la corruption au Brésil. Ce sont quatre années de travail, quatre années d’actions sur le terrain pour occuper l’arène politique et prendre de l’avance sur ses adversaires. Il a défini le Parti des Travailleurs (PT) comme “ennemi” à détruire. Stratégie payante, vu que ledit parti, alors au pouvoir à cette époque, s’était embourbé dans des scandales de corruption.

Jair Bolsonaro et son équipe ont su identifier la priorité, le principal problème identifié par la société brésilienne. Et tout le message de campagne le présentait comme celui qui pourrait éloigner le PT et résoudre le problème de la corruption. Il a su définir son principal ennemi et il est devenu l’opposant le plus sévère que la gauche brésilienne ait connu jusque-là.

Le cas de Lula da Silva

Dans le cas de l’ex-président Lula da Silva, notons que deux ans avant l’élection présidentielle de 2018, son nom faisait la Une des principaux journaux du pays. Son parti PT et lui étaient impliqués dans des scandales de corruption. Et qu’a-t-il fait pour résoudre cette situation ? Il a fait du temps son allié. Soulignons que les sondages l’annonçaient déjà comme possible vainqueur de l’élection présidentielle de 2018.

Pour éviter de voir son image se détériorer au fil du temps, avec la campagne médiatique contre sa personne et perdre la cote auprès des électeurs, il a mis en place une caravane et a sillonné tout le pays pour présenter ses idées et son bilan à la tête de l’État brésilien.

Avec cette caravane, il a pu réaliser deux objectifs principaux : a) montrer la force de son nom et rassembler toutes les tendances de la gauche brésilienne qui le soutenaient ; b) diviser l’opinion entre les enquêtes en cours contre lui et le succès de sa caravane dans tout le Brésil.

Aussi, la première erreur que vous ne devez pas commettre est celle de laisser passer le temps et d’attendre la période électorale que définit la législation pour vous lancer à la conquête des électeurs. Allez à la rencontre des populations, présentez-leur vos idées, découvrez leurs besoins et leurs priorités, pour construire vos propositions, votre communication et pour planifier votre campagne électorale.

Quelques conseils pour commencer votre campagne électorale  

1. Construisez votre discours

Plusieurs outils peuvent vous aider dans la construction de votre discours. Et pour cela, une seule chose importante est à retenir à ce stade : qu’est-ce que les gens veulent entendre ? Que devez-vous faire pour que votre discours soit en phase avec ce que les populations ont envie d’entendre ?

Ce travail de construction du discours peut être fait par Internet, en utilisant par exemple une Fan page, où vous pouvez poster une vidéo et la booster (grâce aux annonces payantes) et ensuite mesurer l’impact de cette vidéo pour voir si les gens ont aimé ce discours ou non. Par contre, si vous avez assez de ressources que vous pouvez investir dans votre campagne, vous pouvez également utiliser le sondage qualitatif (il est important de le faire avec une entreprise spécialisée pour avoir de bonnes informations).

Et la dernière option est le contact direct avec la population, en vous rendant dans des lieux très fréquentés et où les questions liées à la vie quotidienne sont très souvent débattues (bars, kiosque à journaux, marchés, etc.) et parler aux gens pour comprendre leurs désirs, leurs perspectives et en soustraire des informations importantes pour votre campagne.

Ce contact direct avec les populations vous permettra d’élire leurs priorités. Ne pas les approcher, c’est de préparer la voie à un rejet futur de votre image. Un hôpital ou une école ne constituent pas nécessairement les besoins urgents d’une communauté ou les priorités immédiates d’une population donnée.

2. Construisez une base de soutien

Pour cela, il est important d’utiliser le “porte-à-porte”, faire des pétitions, enregistrer des mails, créer des listes de diffusion sur WhatsApp, Viber, Telegram, etc. Ces listes sont importantes parce qu’elles vous aideront pour votre propagande tout au long de la campagne. Elles constituent sont le moyen le plus rapide de parler aux gens. Mais pour cela, elles doivent être très bien organisées, avec des noms, des dates et du contenu ciblé.

Ce sont des canaux qui peuvent être utilisés pendant la pré-campagne et la campagne, parce que le contact a déjà été établi et les personnes inscrites seront beaucoup plus réceptives à votre matériel de campagne au moment de l’élection, où tous les autres candidats se présenteront aux électeurs.

3. Créez une réputation

Créer une réputation, c’est parler davantage d’un sujet, de manière à en devenir une référence. Un exemple ! Tous les sujets que nous abordons sont liés au marketing politique et à la propagande électorale. Aussi, tous ceux qui sont habitués à nous lire se souviendront de nous quand il s’agira de parler de marketing politique.

C’est la stratégie ! Spécialisez-vous dans certains sujets essentiels, si vous êtes candidat aux municipales ou aux législatives. Cherchez à concentrer votre discours sur 3 ou 5 thèmes spécifiques, en fonction de votre campagne et montrer toujours les problèmes liés à ces thèmes et les solutions possibles. Vous deviendrez une référence dans ces thèmes et vous créerez ainsi une réputation.

Enfin, peu importe les ressources dont vous disposez, si vous êtes candidat à une élection et que vous n’avez pas encore commencé votre campagne électorale, sachez que vous êtes déjà en retard. Vous devez courir pour prendre le train de la campagne électorale. Ne recherchez pas la perfection à ce stade, cherchez plutôt à progresser et lancez-vous dans ce projet qui changera votre histoire en tant que candidat, et l’histoire de votre ville ou de votre pays.

Gardez à l’esprit qu’un bon candidat doit pouvoir s’exposer, communiquer, interagir avec la population et avoir toujours le sourire. Êtes-vous prêt ?

Koffi BADOU

Fondateur & Responsable de Expertise Politique. Consultant spécialiste en Marketing Politique, Propagande électorale et Relations Gouvernementales. Doctorant en Information et Communication sur les Plateformes numérique.e