La plateforme d’action parlementaire est l’un des principaux instruments de personnalisation de la campagne dont disposent les candidats. À vrai dire, c’est à travers celle-ci que sont diffusées les propositions d’action politique qui seront développées une fois le mandat législatif obtenu. Ainsi, elle devrait permettre à l’électeur de porter son choix sur le candidat qui la lui présente.

Le rôle du parlementaire

Avant tout, il est important de déconstruire certaines incongruités courantes dans nos différents pays africains. En général, le concept qui se rapproche le plus de la conscience populaire – de ceux qui ont une notion du rôle du parlementaire – est que les députés ou les sénateurs servent à approuver les projets du pouvoir exécutif et à faire des lois.

D’autre part, il faut rappeler les médiations – légitimes – que les parlementaires peuvent exercer par la transmission et le suivi des revendications sociales ou du travail. Leur pouvoir de contrôler les budgets et d’influencer les priorités fixées par le pouvoir exécutif. Et, enfin, les autres fonctions pertinentes que le pouvoir législatif fournit à la société.

En clair, il faut savoir qu’un député ou sénateur ne construit pas de ponts, de routes, d’écoles, d’hôpitaux, et sert encore moins à distribuer de l’argent dans sa base électorale. 

La plateforme d’action parlementaire  est une arme efficace pour les candidats aux législatives

Une fois le rôle du parlementaire clarifié, nous pouvons reprendre l’objet de notre texte qui consiste à présenter l’importance d’une plateforme d’action parlementaire.

En effet, elle sert à faire connaître l’intelligence d’un candidat aux législatives. La plateforme permet de construire le discours de campagne électorale. D’ailleurs, cela exige le plus grand soin dans la rédaction. Il s’agit donc d’un engagement public que prend le candidat. Cependant, elle peut être une arme entre les mains des adversaires politiques, s’il y a de graves inexactitudes. 

Une plateforme d’action parlementaire est une arme électorale efficace pour les candidats qui ont des propositions cohérentes. À cet égard, elle doit contenir des solutions créatives et des propositions basées sur les aspirations populaires. Pour s’assurer que la base de la plateforme d’action parlementaire repose sur les problèmes inhérents à la population et pour connaître les priorités, un sondage d’opinion permettrait de mettre davantage l’accent sur les questions à traiter. En résumé, cela permet de garantir une certaine sécurité à la définition et à l’élaboration des thèmes de celle-ci.

Les propositions de la plateforme doivent avoir une base technique

Bien que ces recommandations semblent évidentes, il est courant de voir des candidats aux législatives exposés au ridicule. Simplement parce qu’ils n’ont pas pris soin d’analyser les informations sur lesquelles reposent leurs plateformes.  Ils présentent des propositions sans aucune base technique, donc absolument irréalisables. Par conséquent, ces propositions restent vulnérables à la critique et à l’exposition publique de l’erreur.  Soit, parce qu’ils proposent des plateformes d’action parlementaire dissociés des aspirations populaires. Ou encore, parce qu’ils défendent des positions non viables et incapables de survivre à une analyse plus approfondie. 

Aussi, il faut souligner qu’il ne faut jamais s’attendre à la complaisance ou à l’indulgence, tant de l’électeur que des adversaires. Toutes les erreurs seront toujours utilisées sans relâche de la manière la plus préjudiciable possible contre le candidat. Et toutes les dénonciations ou critiques trouveront des répercussions indésirables dans la presse et l’électorat, ce qui affectera à coup sûr son image.

Comment construire une plateforme d’action parlementaire ?

Pour limiter au maximum les erreurs et leurs conséquences désagréables, le candidat doit toujours faire appel à des spécialistes. Ainsi, lorsque le sujet à traiter est éminemment technique, il est important de faire appel à des médecins, lorsqu’il s’agit de la santé ; à des enseignants pour établir des lignes directrices dans le domaine de l’éducation ; à des fonctionnaires quant il s’agit de l’administration publique, etc. Le candidat doit pouvoir demander à ces spécialistes d’identifier correctement les problèmes, les solutions possibles. À cet effet, disons-le clairement, chaque professionnel connaît mieux que le candidat lui-même les problèmes de son domaine d’activité et les aspirations de sa catégorie.

Il est préférable de constituer des groupes d’étude pour identifier les problèmes et les propositions en demandant la collaboration des syndicats de travailleurs, des employeurs, des catégories professionnelles, des entités représentant des segments sociaux organisés, car en plus d’assurer un programme solide et fiable, le candidat conquiert plusieurs employés et ou parrains de la campagne, puisque chaque membre du groupe d’étude a tendance à se sentir un peu comme le père de l’idée du candidat, en défendant ses propositions dans son cercle d’influence. 

À ce titre, un candidat est susceptible d’avoir en main un formidable échafaudage de papiers, contenant des informations, des propositions et des aspirations précieuses, ainsi que, bien sûr, des demandes presque toujours entrecoupées de propositions contradictoires, de trop de verbiage, de démagogie bon marché, de solutions grandioses et utopiques, etc.

S’entourer de professionnels de communication 

Une fois la sélection nécessaire effectuée, le candidat aura en sa possession une plateforme volumineuse et complexe. Celle-ci lui servira de base pour ses discours. Cependant, ce n’est pas encore le moment de sa présentation au public. Il faut plutôt procéder à un résumé drastique. Ce résumé doit être fait de manière à ne pas vider son contenu, en le synthétisant sans nuire à la cohérence et à la présentation.

À ce stade, il est conseillé de se faire aider par des professionnels de la communication. C’est à ce niveau que commence le travail d’élaboration d’une plateforme d’action parlementaire assimilable par l’électorat. Et, il est nécessaire de donner un traitement politique à des thèmes éminemment techniques. Cela exige des connaissances dans le domaine de la communication.

Une plateforme d’action parlementaire vaste et technique, bien qu’elle puisse impressionner l’électeur et les adversaires, finit toujours par représenter un effort de communication inutile, et un gaspillage de ressources financières, car il sera difficilement lu – et compris – par le lecteur et/ou personne intéressée par la plateforme du candidat.

Comment présenter une plateforme d’action parlementaire ?

À priori, la plateforme idéale est celle qui peut amener ses porteurs à lire toutes les propositions qui y sont insérées ou, du moins, à prendre connaissance de la plupart d’entre elles. Aussi, elle doit servir d’élément de rapprochement entre le candidat et l’électorat, en lui permettant de le connaître un peu mieux, en facilitant son adhésion et son approbation des propositions défendues par le candidat aux législatives.

Parmi les nombreuses formes de présentation d’une plateforme d’action parlementaire, celles qui ont donné le plus de résultats sont celles qui utilisent des images ludiques et dynamiques, des tabloïds ou journaux de campagnes, dans lesquels les propositions techniques sont enrobées du caractère personnel du candidat, qui privilégie chaque segment avec un texte politique. Il y a identifié le problème de chaque domaine, pour ensuite reproduire ses propositions techniques pour les résoudre, exprimant ainsi, de manière légère et actuelle, des opinions et permettant au lecteur d’absorber plus facilement tout le contenu, sans qu’il ait besoin d’être conscient de ses aspects plus techniques.

Une autre forme de présentation à prendre en compte, c’est la présence sur Internet du candidat aux législatives.

Dans l’ensemble, une plateforme doit être bien produite, en tenant compte de toutes les précautions possibles concernant sa mise en page, sa révision, le choix de la police à utiliser, afin d’assurer un aspect agréable et de stimuler sa lecture, sans quoi il serait handicapé en termes d’efficacité et de pénétration.

La clé d’une plateforme aux fonctions législatives

Pour terminer, disons que les candidats aux fonctions législatives doivent faire face à plusieurs difficultés. L’une d’entre elles est le fait qu’il est beaucoup plus facile d’élaborer un programme de gouvernement qu’une plateforme d’action parlementaire, car si le premier permet d’inclure des éléments concrets, tels que le bitumage, l’électrification, l’adduction en eau potable, la santé, etc., le second doit être basé beaucoup plus et presque exclusivement sur des idées.

Ainsi, la clé d’une bonne plateforme d’action parlementaire est l’existence d’au moins une grande proposition ou idée. En plus d’être grande, il est très important que le candidat en fasse une idée originale et la présente avec le plus grand impact possible, pour éviter que les adversaires ne se l’approprient, en veillant à l’avantage d’être toujours identifié comme le père de l’idée ou de la proposition.

D’autres titres du blog :

• La campagne électorale, c’est maintenant !

• Relations Presse x Politique : un conflit permanent

• Les sondages : la base de toute stratégie électorale

Koffi BADOU

Fondateur & Responsable de Expertise Politique. Consultant spécialiste en Marketing Politique, Propagande électorale et Relations Gouvernementales. Doctorant en Information et Communication sur les Plateformes numérique.e